En matière de gaytitude, le Portugal n'est pas seulement à applaudir pour avoir autorisé il y a peu le mariage entre deux personnes de même sexe.
En effet, dans un petit cinéma au bord de l'Avenida da Liberdade (qui porte du coup bien son nom), à l'abri des regards indiscrets, se tient depuis quatorze ans QueerLisboa, le festival de cinéma gay et lesbien de Lisbonne, qui n'est rien d'autre que le deuxième festival de cinéma le plus important de la ville.
C'est donc mues par notre devoir de bonnes citoyennes queer, et par la publicité assez flatteuse que le supplément culturel du journal O Público réservait au film L.A. Zombie, the movie that never dies (tout un programme !) avec le beau (?) et célèbre (?) François Sagat, que nous sommes allées traîner nos Doc Martens et Birkenstocks dans cette antre de la débauche.
Que doit-on donc s'attendre à trouver dans un pareil festival ?
Des films, bien sûr. On n'y vient pas pour faire de la broderie.
Courts, longs, drôles, tristes, muets, bavards, softs, explicites, documentaires, fictions, animations, de tous pays et de tous temps ou presque, ils ne sont reliés que par un seul dénominateur commun: la volonté de faire connaître un peu mieux la culture queer, de faire accepter les différences, quelles qu'elles soient, de brouiller les frontières entre les genres et les sexes, tous représentés, derrière comme devant l'écran, et de faire s'unir tout ce beau petit monde dans la joie et la bonne humeur sur les fauteuils confortables des trois salles climatisées qu'offre le cinéma São Jorge.
Dans les faits, on a tout de même pu remarquer que, même au sein de la « communauté » LGBT, des frontières, il y en a. Un exemple ? Lors de la projection du fabuleux documentaire danois Hello, my name is Lesbian, la gent masculine était fièrement représentée par un seul spécimen, comme perdu au milieu de lesbiennes hilares et survoltées, venues assister à l'histoire de leur vie, pendant que les autres hommes étaient probablement en train de se délecter des histoires (ou des jolis minois) de Wael, Luz et Harlem, protagonistes très gays d'un film diffusé dans une autre salle.
Mais bon, ce genre d'expérience fait aussi partie du fun, tout comme sonder du regard et détailler les moindres faits et gestes de spectateurs de tous styles, butchs, fems, bears, crevettes, trans, et mêmes quelques hétéros dans le tas, et comparer les uns aux autres en commentant tout bas, parfois gentiment, parfois moins, devant une bière bien fraîche, avant l'ouverture des portes.
Finalement, qu'on y vienne en fervent amateur de cinéma, pour faire des rencontres, pour une conquête d'un soir, pour y voir des stars montantes, pour boire des bières pas chères en écoutant parler anglais, français, portugais, allemand et espagnol ou pour se masturber pendant la séance de minuit, (et pour continuer avec les références musicales pourries), à QueerLisboa, c'est comme aux Champs Elysées, il y a tout ce que vous voulez !
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