Il était une fois une petite place qui ne payait pas vraiment de mine, coincée entre le majestueux Panthéon et l'imposante église São Vicente.
Un peu vide, un peu mal entretenue, un peu ennuyeuse, elle passe facilement inaperçue, et ne fait pas partie de ces lieux qui attirent immanquablement l'oeil du touriste en mal de belles photos.
Pourtant, deux jours par semaine, se tient sur cette place la Feira da Ladra, un marché aux puces des plus pittoresques, où l'on peut croiser aussi bien des touristes bobos que des collectionneurs, et même des habitants du quartier venus simplement boire un café et grignoter une pâtisserie au milieu de cette agréable agitation.
Y faire un tour le samedi en fin de matinée signifie automatiquement commencer le week-end avec un sourire collé aux lèvres (ou avec un portefeuille bizarrement vide – à savoir que les deux ne sont pas forcément incompatibles).
Là-bas, les brocanteurs du dimanche et leur bric-à-brac à deux francs six sous côtoient les revendeurs un peu louches d'écrans plasma, qui eux-même se mêlent aux vrais antiquaires sérieux et aux sempiternels vendeurs de lunettes et de bracelets africains.
En cherchant bien, je suis sûre qu'on peut trouver de quoi refaire entièrement la décoration de son salon dans le style post-victorien, ou compléter sa collection de boîtes à cigares des années cinquante. On trouve même, traînant parmi les vieux patins à roulettes et les chargeurs de Nokia 3310, des médailles militaires nazies du meilleur goût.
En ce qui nous concerne, ce sont les caisses en plastique renfermant les vinyls qui attirent particulièrement notre attention. Là encore, il faut fouiller et s'acharner pour trouver les perles, souvent cachées au milieu des best of des chansons autrichiennes et des tubes de l'été 87. Mais si, en plus, on baragouine quelques mots pour marchander, on peut s'en sortir avec une belle collec' de six 33 tours en très bon état pour moins de quinze euros. De quoi donner envie d'y retourner toutes les semaines, si le portefeuille était capable de suivre la cadence.
Enfin, ce n'est de toute façon pas interdit de rêver un peu en flânant le long des stands, alors pourquoi s'en priver ?
Sur notre liste pour les prochaines fois: un téléphone comme dans Mary Poppins et un vieux planisphère géant.
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