Hier soir a démarré la 11ème fête du cinéma français (a festa do cinema francês), à Lisbonne (en même temps, si c'était à Quito, j'en parlerais pas). Avec Julie, on avait prévu depuis un bon moment d'assister à la soirée d'ouverture avec le film Le Concert, amoureuses qu'on est des festivals ciné. Oui, prévu, comme ça, dans nos p'tites têtes. Ce qu'on n'avait pas prévu, en revanche, c'est l'importance de cet événement et l'affluence qu'il risquait d'y avoir.
Alors, nous voilà qui nous pointons au cinéma São Jorge (encore lui !) une demi-heure avant la séance, comme deux belles fleurs que nous sommes (le premier qui rit, je...). Alors que nous attendions docilement, un Portugais poli nous demande s'il est bien dans la file. En échange, nous lui demandons, en pointant l'affiche collée au dessus de la billetterie: "Que veut dire "esgotada" ?". Et bien, "esgotada", comme par exemple dans l'expression "Sessão de abertura esgotada", ça veut dire que c'est complet, figurez-vous. Ha ha ha. Derrière nous, une autre file: celle des invitations, des privilégiés, cette bande de saligauds.
Un peu désappointées et penaudes (huhu), nous entrons tout de même pour prendre une bière: on va pas se laisser abattre non plus ! Et c'est là qu'on s'aperçoit que A Festa do Cinema Francês, ça n'a rien avoir avec ces happenings de va-nu-pieds que sont le QueerLisboa ou, pire, le festival du court métrage de Lille.
D'abord, deux-trois potiches déguisées en vendeuses de cigarettes (tão francês!) distribuent des macarons à volonté. Oh oui, miam ! Le public, qui se promène nonchalamment dans le hall, semblait prévenu du standing de l'événement. Mon dieu que c'est posh ! Même que j'utilise volontairement un anglicisme, parce que voir des posh prout-prout défenseurs de la francophonie et d'une certaine idée de la France comme ça, ça me donne envie de prononcer des mots en anglais. Quelle iconoclaste je fais.
Peu importe, on se sent parfaitement à notre place avec notre gobelet en plastique et nos pulls miteux au milieu des costards, des châles et des broches en émail. On en profite pour mater Sandrine Bonnaire, la marraine du festival juchée sur ses talons aiguille, qui donne une interview pour la télé.
Vient 21h, les spectateurs entrent dans la salle, il est temps de rentrer, bredouilles, à la maison. Bredouilles, penaudes, et sous la pluie, qui s'est abattue entre-temps sur la morne ville. N'est-ce pas malheureux ?
Bien sûr que c'est malheureux ! D'ailleurs, on n'allait pas se laisser faire, non mais ! Un peu de culot, et hop. Il suffisait en fait de minauder au guichet des invit' pour en récupérer deux pauvres petites abandonnées par leur maître pourri gâté. Et hop, un petit macaron au passage et nous voilà toutes classieuses, en jean, dans le balcon VIP (d'ailleurs largement rempli de pique-assiettes comme nous), à temps pour écouter le barbantissime discours d'ouverture.
Le film, lui, était excellent. Je n'en dirai pas plus, je ne fais pas une critique, là, mais si vous en avez l'occasion, voyez-le. C'est un beau film, comme aurait dit ma grand-mère, émouvant.
Émouvant, oui, mais pas autant qu'à la sortie de la salle, la coupe de Mumm offerte. Bien sûr, il faut jouer des coudes pour ne pas se faire piétiner - la robe fourreau mauve n'est pas un gage de bonnes manières – mais quel plaisir quand on obtient le précieux liquide.
La coupe à la main, nous sommes déterminées à ne pas nous arrêter là. Les serveuses nous observent avec de grands yeux dévaliser leurs plateaux de petits fours. La classe à la française, décidément. Je note quand même la fourberie de certains chefs qui poussent le vice jusqu'à planquer des figues dans des rouleaux de jambon cru pour concocter des bombes salées-sucrées indétectables à l'œil nu.
Comble de chance, nous croisons deux copains avec qui nous échangeons deux mots, et surtout un tuyau inestimable: "il y a des chocolats, LÀ-BAS !" Et c'est reparti pour un raid, du côté du stand chocolatier cette fois. La bouche pleine, les mains noires, la mission est un succès.
Et puis, bon. Toutes les bonnes choses ont une fin. Il est cette fois vraiment temps de rentrer à la maison, nous ne pouvons finalement pas échapper à la pluie.
Mais rentrer en sautant dans les flaques et en beuglant Rue de Paname au milieu d'une confrérie d'étudiants qui passaient par là, ça a tout de même une autre saveur.
Et voilà ! Bien joué ! A noter quand même le soutien de la fondation Groupama Gan à ce festival ;) d'où les petits fours !!
RépondreSupprimerJ'ai enfin rattrapé mon retard de lecture ici !
RépondreSupprimerBon, à part l'invasion de fourmis, ça a l'air de plutôt bien démarrer, ça fait plaisir !